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Les 8 vies d'une mangeuse de terre, Mirinae Lee

Qui est Mook Miran, cette presque centenaire qui prétend avoir vécu pas moins de huit vies ? Et quelles vies !
Esclave, reine de l’évasion, meurtrière, terroriste, espionne, amante, mère… autant de rôles qu’elle a endossés, racontés en chapitres d’une existence hors du commun, traversée par la violence, le secret et la métamorphose.

Au fil de son récit, et tout comme Lee-Sae-Ri, l'employé de la maison de retraite qui l’interroge sans mesurer l’ampleur du fil qu’elle vient de tirer, on se demande : où s’arrête le mensonge, où commence la vérité ? Le témoignage de Mook Miran saute d’une époque à l’autre, déconstruit la chronologie, sème le doute. Les transitions sont floues, comme pour mieux brouiller nos repères. Ce qu’elle révèle laisse toujours entrevoir ce qu’elle tait. Car pour survivre, Mook Miran a changé de nom, d’identité, de rôle, aussi souvent que nécessaire. Et si, une fois encore, elle jouait un personnage ?

Mais qui pourrait l’en blâmer ? Est-ce vraiment sa propre histoire qu’elle nous livre, ou parle-t-elle au nom de toutes celles qui ne le peuvent plus ?
À travers son témoignage, c’est aussi le destin des femmes nord-coréennes qui est déroulé ; trimballées, brisées, soumises aux caprices des hommes et des militaires, exploitées en famille, dans les camps de travail ou dans les maisons de « réconfort ». Des milliers de vies effacées entre deux guerres, entre la péninsule coréenne et l’Indonésie sous domination japonaise.

Voici un récit indispensable (librement inspiré de la tante de l’autrice) : celui d’une femme qui, en dénonçant les horreurs de la guerre et du patriarcat, célèbre aussi la force inouïe de la résilience féminine.