“Tout divertissement est une éducation plus efficace que l’école parce qu’il fait appel à l’émotion et non à l’intelligence.” C’est sur ces mots, qui résonneront tout le long de notre réflexion, de Hortense Powdermaker, anthropologue américaine, que notre article commence.
Lorsque nous pensons à l’apprentissage et à l’éducation, les manuels scolaires en papier, les pages d’ouvrages académiques photocopiés ou encore la liste d’attentes des emprunts de nos BU nous viennent souvent à l’esprit.
Mais une révolution silencieuse est en cours dans le monde de l’éducation grâce aux manuels numériques et aux ebooks. Dans cet article, nous reviendrons sur l’actualité en s’intéressant aux raisons du recul de la Suède dans l’utilisation des manuels numériques à l’école. Puis nous verrons les avantages qu’ils apportent aux enseignants et aux étudiants.
Vous l'avez sûrement vu passer dans la presse, la Suède rebrousse chemin dans sa politique de numérisation totale de l’apprentissage.
La cause ? Une étude internationale montrant que le niveau moyen en lecture et compréhension écrite des jeunes suédois est en baisse. Mais pourquoi ce revirement de situation alors même que, selon une enquête du ministère de l’éducation nationale Française, neuf enseignants sur dix reconnaissent les bénéfices pédagogiques des manuels numériques ? Pourquoi la Suède semble-t-elle connaître « une crise de la lecture » pour reprendre les mots de Lotta Edholm, ministre de l’éducation suédoise.
Il semblerait que la réponse ne réside pas dans l’utilisation ou non de manuels numériques mais plutôt dans ses méthodes d’utilisation.
La politique suédoise résidait dans le recours total au numérique. A tels point que les manuels scolaires et les cahiers étaient quasi inexistants dans le milieu scolaire ou, du moins, très rare. Mais Thomas Rohmer, fondateur de l’association française d’éducation au numérique insiste sur le fait que les manuels numériques sont un outil pédagogique supplémentaire et non un substitut. «L’erreur de la Suède, c’est d’avoir voulu faire du tout numérique ».
En outre, le support papier et le support numérique, bien qu’ayant chacun leurs avantages et leurs inconvénients restent néanmoins complémentaire.
Mais finalement, quelles sont les avantages des manuels numériques dans l’enseignements scolaires ?
Pour les professeurs, les manuels numériques offrent de nombreux avantages.
En premier lieu, une flexibilité considérable dans les manières de présenter le contenu. Ils peuvent personnaliser les ressources pour répondre à des besoins spécifiques de leur classe ou de certains élèves. Ils peuvent, en outre, ajouter, supprimer ou modifier le contenu des manuels en fonction de leurs méthodes pédagogiques. L’enseignement en devient donc plus adaptable mais surtout plus réactif aux besoins, aux niveaux, aux difficultés des élèves qui peuvent évoluer d’une classe à une autre et même d’un étudiant à un autre.
Ensuite, les manuels numériques permettent de rendre les méthodes d’enseignement plus ludiques pour les étudiants et plus légères. En effet, le manuel numérique est « moins intimidant » que le manuel papier. C’est un contenu qui leur ressemble et auquel ils s’adaptent facilement. Les professeurs peuvent y intégrer des vidéos, des animations, des images interactives et même des quizz pour rendre le cours plus vivant, pour aider les élèves à intégrer de nouveaux concepts parfois complexes. En plus de créer un apprentissage plus ludique et actif, cela encourage les élèves à participer et pourrait permettre de réduire le décrochage scolaire, les élèves se sentant pleinement acteur de leur apprentissage et non spectateur.
Et pour les élèves, la nature interactive des manuels est un véritable atout. Ils sont encouragés à explorer le contenu d’eux-mêmes, à s’impliquer dans leur apprentissage. « Chacun est le fruit d’une éducation mais le plus grand éducateur, c’est la personne elle-même » Ces mots de Ludmila Oulitskaïa semblent résonner au-delà de l’éducation et se ressentir à travers l’enseignement scolaire. Le principal éducateur est l’élève lui-même et lui permettre de s’impliquer dans son apprentissage lui permet de le responsabiliser puisqu’ils ne sont plus spectateur du cours qui se déroule devant eux mais de véritables acteurs. Ils construisent le cours avec leur professeur qui peut plus facilement s’adapter aux difficultés de chacun. Les élèves en difficultés ont, en outre, moins la sensation d’être mis de côté, d’être moins important.
Un contenu qui leur ressemble enfin. Des vidéos, des animations, des quizz, les élèves se sentent plus en adéquation avec leur contenu de cours, ils expérimentent des nouveaux concepts dans des formats auxquels ils sont habitués. Leur apprentissage et leur rétention en sont amélioré. En effet, dans une époque où le numérique est omniprésent, est-il encore pertinent d’enseigner aux élèves des idées et concepts complexes dans des formats qu’ils n’expérimentent pas à longueur de journée ? Dans une époque où les jeunes ont plus facilement accès à un écran qu’à de la littérature papier, ne serait-ce pas vecteur d’inégalité, alors même que les inégalités de réussite font déjà légion dans le milieu scolaire, que de ne pas laisser le choix, aux élèves, de choisir un apprentissage numérique ou papier ?
Qui plus est, en suscitant l’engagement des élèves, leurs professeurs leur permettent de maintenir leur attention, leur intérêt sur le long terme. Dans son livre, « Moonwalking avec Einstein : l’art et la science de se souvenir de tout », Joshua Foer dit : « […]la plupart des techniques de mémorisation consiste à changer quelque chose d’ennuyeux […] en quelque chose de […] si différent de tout ce que vous avez vu avant que vous ne pourrez l’oublier ». Et c’est là qu’apparaît le manuel numérique, rendre un cours ludique, transformer les élèves en acteurs de leurs cours, de leur apprentissage, bref, transformer le cours ennuyant appuyer sur un manuel papier en un cours différent qui facilitera la rétention des élèves grâce à un manuel numérique.